La Région Occitanie, dont l’ambition est d’être la première Région à énergie positive à l’horizon 2050, a décidé d’encourager sa production, sa distribution et ses usages. Première Région de France à se doter d’une telle stratégie globale, elle a mis sur pied un plan Hydrogène Vert.

L’hydrogène Vert, c’est quoi ?
L’hydrogène s’obtient traditionnellement par un procédé d’extraction chimique à partir, notamment, d’hydrocarbures, ce qui produit des gaz à effet de serre. L’hydrogène renouvelable est produit soit par électrolyse en utilisant de l’électricité issue de sources d’énergies renouvelables, soit par toute une autre technologie utilisant exclusivement une ou plusieurs de ces mêmes sources d’énergies renouvelables et n’entrant pas en conflit avec d’autres usages permettant leur valorisation directe. L’hydrogène vert est alors exploité grâce à une pile à combustible qui utilisera également l’oxygène de l’air pour produire de l’électricité.
Elle ne dégagera que de la vapeur d’eau, de la chaleur et donc aucune émission de gaz polluant. L’hydrogène est l’élément le plus commun dans l’univers.
Un plan Hydrogène Vert ambitieux
D’un montant de 150 millions € pour la période 2019-2030, ce plan ambitieux vise à accélérer le déploiement à grande échelle de cette énergie renouvelable, véritable alternative au diesel.
Réalisé par étape, il prévoit d’ici 2024 la création d’un site de production massive d’hydrogène renouvelable, de 20 stations hydrogène, de trois rames de train à hydrogène Regiolis, (voir encadré) bénéficiant d’un soutien financier de l’État et de l’ADEME. Enfin, 600 véhicules hydrogène lourds, utilitaires et légers doivent être mis en service.
Entre 2024 et 2030, cette fois, le territoire compterait deux sites de production massive, 55 stations et plus de 3 000 véhicules. Ainsi, ce plan couvre l’ensemble de la chaîne de valeur : production, distribution et usages. Dans ce cadre, les projets se multiplient. Parmi eux figurent la construction d’une usine de production d’hydrogène, portée par Hyd’Occ, société détenue par Qair Premier Élément et l’Agence Régional de l’Énergie et du Climat (AREC) à Port-la-Nouvelle (11), ainsi que celle de deux électrolyseurs industriels, portés eux par la société Hyport à Blagnac (31) et à Tarbes (65).
Un train électrique/hydrogène sur la ligne Toulouse-Montréjeau-Luchon
Comme prévu dans le plan Hydrogène vert, la Région mettra en service les trois premiers trains liO bimodes électrique/hydrogène en 2026 sur la ligne Toulouse-Montréjeau-Luchon. La portion Montréjeau-Luchon avait été fermée en 2014 par SNCF Réseau en raison de l’état de l’infrastructure. Ce frein sera levé. Car la Région reprend la gestion de la ligne à SNCF Réseau, afin de permettre sa réouverture. En parallèle, elle finance l’acquisition des trois rames bimode électrique/hydrogène. Elles seront construites par Alstom, dont l’usine de Tarbes (65) supervisera la partie Hydrogène. Ces trois rames fonctionneront avec de l’hydrogène vert entre Luchon et Montréjeau et en mode électrique sur les voies électrifiées entre Montréjeau et Toulouse. En Occitanie, cette liaison constituera d’ailleurs une ligne pilote électrique/hydrogène.
Elle permettra d’éprouver les avantages apportés par ces trains. Elle servira également à identifier quelles sont les lignes où l’hydrogène constituera la solution la plus adéquate.

L’hydrogène pour le transport de voyageurs et de marchandises
Mais, si ce plan est ambitieux, il ne constitue toutefois qu’un volet de la stratégie régionale. Car s’ajoute Corridor H2, un projet européen que porte également la Région Occitanie. Corridor H2 a en effet été retenu le 15 avril 2021 par la Commission Européenne dans le cadre de son appel à projets Mécanisme pour l’Interconnexion en Europe.
Il a pour objectif de remplacer les carburants fossiles par l’hydrogène dans le transport de marchandises.
Pas moins de 14,5 M€ d’aides ont été octroyés par l’Europe, tandis qu’un prêt d’un montant de 40 M€ a été accordé par la Banque Européenne d’Investissement à la Région érigée à la fois en guichet unique des fonds européens et régionaux et coordinateur du projet.
Le 22 octobre, lors de sa dernière commission permanente, la Région Occitanie a d’ailleurs dévoilé les trois lauréats de son premier appel à projets Corridor H2, clôturé en juin dernier :
- le projet Corrhyd’Occ qui consiste à produire 20 MW d’hydrogène renouvelable par électrolyse sur le site de Port-La-Nouvelle par Hyd’Occ (associant Qair Premier Element et l’AREC), avec cinq stations de distribution d’hydrogène par la société de projet AP Occitanie qui associera Air Products, Qair Premier Element et l’AREC (Agence Régionale de l’Energie et du Climat) ;
- le producteur d’hydrogène nantais Lhyfe pour le projet Val d’Hygo visant à produire 5 MW d’hydrogène renouvelable par électrolyse à Bessières (31)
- le Conseil Départemental du Tarn pour son projet Hydro’Tarn comprenant deux stations de distribution à Saint-Sulpice-Lapointe et à Albi (81).
Convertir plutôt que remplacer
Dans le Tarn, quinze autocars liO alimentés à l’hydrogène doivent être mis en service en 2023 sur les lignes Albi – Saint-Sulpice-La-Pointe et Albi – Saint-Sulpice-La-Pointe - Lavaur. Ils seront « rétrofités », c’est-à-dire convertis à l’hydrogène par l’entreprise locale Safra, conceptrice du bus hydrogène Businova.
Cette conversion de cars liO s’inscrit en effet dans le projet Corridor H2 qui comporte également le déploiement d’ici deux ans de 40 camions à propulsion hydrogène et 62 remorques/unités frigorifiques.
Aussi, un appel à manifestation d’intérêt auprès des transporteurs qui souhaitent s’équiper de camions et/ou de remorques réfrigérées hydrogène est en cours jusqu’au 18 février. En plus d’être un levier essentiel de la transition énergétique, la stratégie régionale en faveur de l’hydrogène vert prépare la mise en place d’une diversification industrielle propre, porteuse de nouveaux emplois, les métiers de demain.
Projet soutenu dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir (PIA) opéré par l’ADEME, ainsi que par les fonds France relance Etats-Régions (FFRER).